LE
YOGA-SÛTRA
de Patañjali.
Traduit par Wim van den Dungen,
Pascal van Dieren, Evelyne Philippaerts
et Dominique Wiche.
Anvers, 1997.
(*) marque une claire différence avec la traduction Anglaise
Samâdhi-Pâda (voie de l'union)
définitions générales
1.1. Ici commence un exposé sur le yoga. 1.2. Le yoga est la restriction des
fluctuations de (ou dans) la conscience. 1.3. Dans ce cas, le voyant s'établit
dans sa forme propre. 1.4. Sinon, il existe conformité entre le voyant et ces
fluctuations.
les cinq espèces de fluctuations
1.5. Les fluctuations sont de cinq sortes, ayant les caractéristiques d'affliction
ou de non-affliction. 1.6. Les fluctuations sont : la cognition valable, l'opinion
erronée, la conceptualisation, le sommeil et la mémoire. 1.7. Une cognition
valable est basée sur la perception, l'inférence et le témoignage. 1.8. Une
opinion erronée est une connaissance fausse qui n'est pas basée sur l'apparence
réelle de son objet. 1.9. La conceptualisation est sans objet et suit uniquement
la connaissance des mots. 1.10. Le sommeil est une fluctuation basée sur la
notion de la non-occurence d'autres contenus de la conscience. 1.11. La mémoire
est la non-déprivation de l'objet vécu.
les instruments du yoga
1.12. La restriction de tout cela vient par la pratique et le détachement. 1.13.
La pratique est l'effort d'atteindre la stabilité dans l'état de restriction.
1.14. Ceci devient une assise ferme si cultivée proprement pendant longtemps
sans interruption. 1.15.* Le détachement est la connaissance de la maîtrise
de celui qui n'a pas soif d'objets physiques et révélés. 1.16. La forme supérieure
implique que l'on n'est pas assoiffé des plans de la Nature, ce qui résulte
de la vision du purusa.
les deux types fondamentaux d'union
1.17. L'union-avec-semence émergeant de l'état de restriction est 'cognitive'
et s'oriente vers l'objet. Elle est connectée avec la cogitation, la réflection,
la joie et le je-suis. 1.18. L'union-sans-semence a un résidu de réacteurs subliminaux
et suit l'union déjà mentionnée quand la notion de cessation est pratiquée.
1.19. L'union-avec-semence de ceux qui se sont fondus avec la Nature et ceux
qui sont sans corps est causée par la persistance de la notion du devenir. 1.20.
L'union-sans-semence est précédée par la foi, l'énergie, l'attention mentale,
l'union-avec-semence et prajñâ.
la condition du progrès
1.21 L'union est proche pour celui qui la pratique avec une grande ardeur. 1.22
Parce que cette ardeur peut être menue, moyenne ou intense, il y a une différence
dans la proximité de cette union.
une façon spéciale pour atteindre l'union
1.23* Ou l'union est atteinte par l'abandon complet en Isvara, le Seigneur.
1.24* Isvara, suprême purusaùa, n'est pas touché par les causes de malheur,
les actions et leurs effets et le dépôt dans la mémoire profonde. 1.25. En Lui
le germe de l'omniscience n'a jamais été surpassé. 1.26* Il est aussi le guru
des premiers et Il n'est pas conditionné par le temps. 1.27 Son nom est om.
1.28* Sa récitation mène à la réalisation de sa signification. 1.29. Ainsi un
recueillement habituel se fait et les obstacles disparaissent.
les obstacles sur le chemin du samâdhi
1.30. Maladie, langueur, doute, négligence, paresse, dissipation, fausse vision,
ne pas atteindre les stades du yoga et instabilité, sont les distractions de
la conscience, ce sont les obstacles mentionnés. 1.31.* La douleur, la dépression,
des tremblements du corps, une mauvaise inspiration ou expiration sont les symptomes
qui vont de pair avec les distractions susmentionnées. 1.32. Pour les écarter,
pratiquer le yoga sur un seul principe. 1.33. Montrer gentillesse, compassion,
contentement et sérénité -d'une façon joyeuse, triste, méritoire ou déméritoire-
fait que la conscience est pacifiée.
les autres façons pour atteindre l'union
1.34. Ou l'union est atteinte par l'inspiration et l'expiration controlée. 1.35.*
Ou par l'émergence d'une activité sensorielle aiguë qui stabilise le mental.
1.36 Ou par des activités mentales qui sont sans tristesse et illuminantes.
1.37. Ou par une conscience dirigée vers ceux qui ont vaincu l'attachement.
1.38. Ou quand la conscience repose sur la connaissance qui émerge du rêve et
du sommeil. 1.39. Ou par la contemplation comme voulue. 1.40. Sa maîtrise s'étend
du plus petit aux plus grand.
le 'unum necessarium' de l'union
1.41.* Et quand tout le flux a disparu, la conscience se compare à un diamant
des plus purs ; entre 'celui qui prend', 'prendre' et 'ce qui est pris', un
état de coïncidence avec le siège de la conscience surgit, par lequel elle reçoit
l'onction.
les sous-types d'unions
1.42. Du moment qu'il y a connaissance conceptuelle basée sur des mots, l'état
porte le nom 'coïncidence mixte avec cogitation'. Il s'agit là d'une union du
type cognitif. 1.43. Quand la mémoire profonde est purifiée, comme vidée de
son essence et uniquement l'objet brille, l'état est sans cogitations. Il s'agit
là d'une union du type a-cognitif. 1.44. De ces formes de coïncidences les deux
autres types sont expliqués. Il s'agit du subtil et ultra-subtil, qui utilisent
que des objets subtils. 1.45. Et les objets subtils prennent fin dans le non-différencié.
1.46. Ces formes de coïncidences font vraiment partie de la catégorie de l'union-avec-semence.
la presque atteinte de l'union-sans-semence ...
1.47. Quand il y a un rayonnement lucide dans l'ultra-subtil, cet état se nomme
'la clarté de l'être intérieur'. 1.48. Cet état du prajñâ est source de vérité.
1.49. Due à sa finalité particulière, l'ampleur de cette vérité diffère de la
compréhension acquise de ce que l'on entend et raisonne. 1.50. Le réacteur subliminal
né de ceci, enchaîne tous les autres réacteurs.
comment l'union-sans-semence est réalisée ?
1.51. Quand cet réacteur subliminal est restreint -un résultat de la restriction
du contenu total de la conscience- une union-sans-semence en découle.
Sâdhana-Pâda (voie de réalisation)
sur la voie : les buts & les moyens
2.1. L'ascèse, l'étude de soi et l'abandon complet en Isvara constituent le
Kriyâ-Yoga. 2.2 Ce yoga a pour but l'union et l'atténuation des causes de malheur.
les cinq causes de malheur
2.3. L'ignorance, le je-suis, l'attachement, l'aversion et la volonté de vivre
sont les cinq causes de malheur. 2.4. L'ignorance est la terre nourricière des
autres ; lesquelles sont à l'état de sommeil, atténué, intercepté ou actif.
2.5. La perception de l'éternel, du pur, du joyeux et de l'âtman, dans l'éphémère,
l'impur, le triste et le non-Soi, est appelée ignorance. 2.6.* Considérer celui
qui voit et l'instrument avec lequel il voit comme étant un, est appelé le je-suis.
2.7.* L'attachement repose sur des expériences agréables. 2.8.* L'aversion repose
sur le désagrément. 2.9.* Donc, la volonté de vivre, qui coule selon sa propre
nature, croît même dans les sages. 2.10. La forme subtile de ces causes de malheur
(réacteurs subliminaux et notions de l'union) doit être vaincue par le processus
de l'évolution. 2.11. La forme brute (les fluctuations) doit être abandonnée
par la pratique de la contemplation.
le mécanisme de la loi karmique
2.12. Les causes de malheur sont la racine du dépositaire d'action, ce qui peut
être vécu dans cette vie ou dans une prochaine incarnation. 2.13. Il y a, dans
la mesure ou la racine existe, des résultats de ceci : naissance, durée de vie
et jouissance. 2.14. Elles portent les fruits du bonheur et de la peine causés
par des actions méritoires et déméritoires. 2.15. Les tristesses présentes dans
la transformation continue de la Nature, dans son angoisse et dans les réacteurs
subliminaux, et qui par-dessus sont dues aux conflits entre les mouvements de
la Nature, tout ceci n'est rien d'autre que tristesse pour l'homme qui discerne.
le but suprême du yoga
2.16.* Ce qui doit être surpassé est la tristesse à venir.
le voyant et le vu
2.17. La correlation entre le voyant et le vu est la cause qui doit être surpassée.
2.18. Le vu a un caractère rayonnant, actif ou inerte et il s'incarne dans des
éléments et des organes de sens, et sert à la jouissance et à l'émancipation.
2.19. La Nature est stratifiée en le particularisé, le non-particularisé, le
différencié et le non-différencié. 2.20. Bien que le voyant soit pur, il semble
voir à travers le mental et ses notions. 2.21. La nature de ce qui est vu est
seulement telle pour ce voyant. 2.22.* Bien que ce qui est vu soit perdu pour
celui qui a atteint son but, il n'est cependant pas perdu pour tous les autres.
2.23. La corrélation (entre le voyant et ce qui est vu) fait que le voyant appréhende
la vraie forme du pouvoir de celui qui possède et du possédé. 2.24. La cause
de ceci est l'ignorance. 2.25. Lorsque cette ignorance disparaît, la corrélation
disparaît aussi ; ceci est la cessation complète, voir continuellement sans
notion, l'esseulement.
le prajñâ est l'instrument suprême
2.26. La vision du discernement permanent est le moyen d'atteindre la cessation.
2.27. Dans le dernier stade, prajñâ en sept étapes surgit pour celui qui a atteint
ceci.
détail de l'instrument
2.28. Par la pratique des membres du yoga et l'élimination des impuretés, une
luminosité de la connaissance vraie s'installe, qui emmènera le yogin vers la
vision du discernement.
les huit phases du processus d'évolution
2.29. Limitations, observances, posture, maîtrise de la respiration, rétraction
sensorielle, concentration, contemplation et union sont les huit membres.
les limitations
2.30. Non-nuisance, véracité, ne pas voler, chasteté et désintéressement sont
les limitations. 2.31. Elles sont valables partout, indépendamment de la naissance,
du lieu, du temps et des circonstances ; elles constituent le grand voeu. 2.32.
Pureté, contentement, austérité, l'étude de soi-même et l'abandon complet en
Isvara sont les observances. 2.33. Pour repousser les pensées opposées il faut
cultiver leur contraire. 2.34. Des pensées comme nuire, etc... engendrées par
soi-même, causées ou approuvées, provenant d'avidité, de colère ou d'illusion
-modestes, moyennes ou excessives- trouvent leur fin dans l'ignorance et la
souffrance ; cultivez donc leurs contraires. 2.35. Tous les êtres abandonneront
leur animosité en présence de celui qui est fermement établi en non-nuisance.
2.36. Après s'être fermement établi dans la véracité, on maîtrise l'action et
son fruit. 2.37. Après s'être fermement établi dans l'état de ne pas voler,
des joyaux apparaissent. 2.38. Après s'être fermement établi dans l'état de
chasteté, une grande vitalité est acquise. 2.39. Après s'être fermement établi
dans l'état de désintéressement on connaît le pourquoi de sa ou ses naissances.
les observances
2.40. Par la pureté une distance envers son corps se crée et le non-salissement
par autrui est désiré. 2.41. Aussi la pureté du sattva, le contentement, l'état
de convergence, la victoire sur les sens et la capacité de voir son propre âtman
est atteint. 2.42. Du contentement jaillit l'atteinte d'une joie suprême. 2.43.
Par l'austérité et parce que les impuretés disparaissent, un pouvoir sur le
corps et les sens est acquis. 2.44. Par l'étude de soi, on établit un contact
avec la divinité choisie. 2.45. Par l'abandon complet en Isvara, l'union.
la posture
2.46. La posture doit être stable et agréable. 2.47. Ceci est accompagné par
la relaxation des tensions et par une coïncidence avec l'illimité. 2.48. Ainsi
on ne sera pas affecté par la dualité.
la respiration
2.49. Etant établi dans la posture, on pratique la rétention du flux de l'inspiration
et de l'expiration du souffle (appellée la maîtrise de la respiration). 2.50.
La maîtrise de la respiration est extérieure, intérieure et d'un mouvement fixe
; elle est condi-tionnée par le lieu, le temps et le nombre et peut être protractée
ou contractée. 2.51. Un mouvement du souffle qui surpasse l'extérieur (expiration)
et l'intérieur (inspiration) est appelé 'le quatrième'. 2.52.* Ainsi la maîtrise
de la respiration fait dissiper le voile couvrant l'illumination. 2.53. Le mental
devient apte à la concentration.
la rétraction sensorielle
2.54. La rétraction sensorielle est l'imitation de la propre forme de la conscience
par les organes des sens, qui se sont retirés de leurs objects. 2.55. Ainsi
l'obéissance suprême des sens surgit.
Vibhûti-Pâda (voie du pouvoir)
la contrainte : dhâranâ + dhyâna + samâdhi
3.1. La concentration fixe la conscience sur un point particulier. 3.2.* La
contemplation est l'unidirectionnalité des notions qui accompagnent l'objet
de concentration. 3.3. Cette conscience, rayonnant comme l'objet de concentration
-comme vidée de son essence- est l'union. 3.4. Ces trois, appliqués sur le même
objet sont appellés contrainte. 3.5. Par la maîtrise de la contrainte, le prajñâ
surgit. 3.6. Sa progression est graduelle. 3.7. Intérieure par rapport aux précédents.
3.8. Mais extérieure par rapport à l'union-sans-semence. la dynamique de la
transmutation graduelle 3.9. La transformation restrictive connectée avec la
conscience dans son moment de restriction, est la subjugation des réacteurs
subliminaux d'émergence et la manifestation de l'réacteur subliminal de restriction.
3.10. Le flot calme de cette conscience est atteint par des réacteurs subliminaux.
3.11. La transformation unifiante fait disparaître les objets de conscience
et apparaître l'état de convergence. 3.12. Ensuite, la condition mentale dans
laquelle l'objet de conscience un moment donné est identique à l'objet qui surgît
un moment plus tard, est appellée la transformation de l'état de convergence.
3.13. Ainsi sont expliquées les transformations de forme, la variation de temps
et de condition, liées aux éléments et aux sens. 3.14. Ce qui soutient la forme
(la substance) est ce qui conforme au calme, à l'actif et à l'indéterminable.
3.15. Les différences dans la succession temporelle des formes de la même substance
sont la cause des différentes transformations.
les objets de contrainte
3.16. Par l'application de la contrainte sur les trois formes de transformation
on peut atteindre la connaissance du passé et du futur. 3.17.* Le son, l'objet
et la notion présente dans le mental sont mélangés d'une façon confuse. Par
l'application de la contrainte sur la distinction de ceux-ci, ce désordre disparaît
et on comprend la signification des sons de chaque être vivant. 3.18. La connaissance
de la naissance antérieure est atteinte par une perception directe des réacteurs
subliminaux. 3.19.* Par la perception directe des notions d'autrui, on peut
acquérir la connaissance de leur mental. 3.20.* Mais, n'étant pas assujettis
à la contrainte, les facteurs mentaux d'autrui qui supportent ce mental ne peuvent
être connus. 3.21. Par l'application de la contrainte sur la forme de son corps,
c'est-à-dire par la suspension de la capacité d'être perçu, le yogin devient
invisible (ainsi la lumière qui voyage de ce corps jusqu'aux yeux d'autrui est
interrompue). 3.22. Le karman est de deux sortes : aigu ou différé. Par l'application
de la contrainte sur ce karman ou sur les présages, la connaissance du moment
de la mort peut être atteinte. 3.23. Par l'application de la contrainte sur
l'amabilité etc, le yogin peut acquérir les pouvoirs de cette qualité. 3.24.
Par l'application de la contrainte sur la force de l'éléphant, le yogin peut
acquérir celle-ci. 3.25. En focalisant le flash des activités mentales sur un
object, la connaissance des aspects subtils, cachés et lointains de celui-ci
est acquise.
les objets spécifiques de contrainte
3.26. Par la contrainte sur le soleil, on peut tout connaître concernant l'ensemble
du monde. 3.27. Par la contrainte sur la lune, on peut acquérir la connaissance
des étoiles et des astres. 3.28. Par la contrainte sur l'étoile polaire, on
peut acquérir la connaissance de leurs mouvements. 3.29. Par la contrainte sur
le vortex ombilical, la constitution du corps peut être connue. 3.30. Par la
contrainte sur le vortex de la gorge, le yogin peut apaiser la faim et la soif.
3.31. Par la contrainte sur la veine kûrma, le yogin peut acquérir la stabilité.
3.32. Par la contrainte sur la luminosité dans la tête, le yogin peut avoir
la vision des êtres parfaits. 3.33. Ou, par l'éclair de l'illumination tout
peut être connu. 3.34. Par la contrainte sur le coeur, le yogin comprend la
nature de la conscience.
la cause de l'ignorance & la connaissance du purusa.
3.35.* L'expérience est le résultat de la connaissance du purusa et du sattva
-qui sont absolument différents- comme non-différents. La connaissance du purusa
peut être acquise en effectuant la contrainte sur le but propre du purusa. 3.36.
Ainsi naît l'éclair de l'illumination dans l'ouïe, le toucher, la vue, le goût
et l'odorat. 3.37. Ceci sont des obstacles à l'union mais des acquis dans l'état
de veille.
les pouvoirs acquis par la contrainte
3.38.* En affaiblissant la cause de l'attachement à son corps et par l'expérience
du passage pour se dégager du corps dense, le corps subtil peut entrer dans
le corps d'autrui. 3.39. Par la maîtrise du prâna qui va vers le haut, le yogin
peut rester non-affecté par l'eau, la boue, les épines, etc. et se mettre en
lévitation. 3.40. Par la maîtrise du prâna du milieu, il peut acquérir le resplendissement.
3.41. Par la contrainte sur la relation entre l'oreille et l'éther, l'oreille
divine est acquise. 3.42. Par la contrainte sur la relation entre le corps et
l'éther et aussi en se concentrant sur les objets légers tels que le coton,
il peut se déplacer dans l'éther. 3.43.* Une fluctuation extérieure et non-imaginaire
est le 'grand incorporel' d'où provient la perte de la force qui voile la lumière.
3.44. Par la contrainte sur le dense, la forme propre, le subtil, la connexité
et le dessein des objets, la victoire sur les éléments est atteinte. 3.45. Ainsi
se manifesteront des pouvoirs comme l'atomisation, la perfection du corps et
l'indestructibilité de ses parties. 3.46. Beauté, délicatesse et une force adamantine
constituent la perfection du corps. 3.47. Par la contrainte sur le processus
de perception, la forme propre, le je-suis, la connexité et le dessein des objets,
le yogin peut remporter la victoire sur les sens. 3.48. Ainsi il acquiert une
vitesse, comme le mental, sans l'aide d'un véhicule et une maîtrise complète
de la matrice de la Nature.
l'omnipotence et l'omniscience
3.49. Celui qui connaît la différence entre le purusa et le sattva de la conscience,
acquiert une suprématie sur tous les états d'existence et l'omniscience. 3.50.
A l'atteinte du détachement de cela -par la destruction de la semence même des
afflictions- il atteint l'esseulement.
conseil à ceux qui sont déjà très évolués
3.51. Etant invité par les êtres très évolués, le yogin ne doit développer aucun
attachement ni orgueil, car il est possible que l'inclination non-désirée vers
les plans inférieurs de la Nature se renouvelle.
la contrainte suprême
3.52. Par la contrainte sur le moment et sa continuité, le yogin peut acquérir
la connaissance issue du discernement. 3.53. Ainsi émerge la conscience-de-différence
entre des similaires qui normalement ne peuvent pas être distingués à cause
de l'indéterminabilité des distinctions entre espèce, apparence et position.
3.54. La conscience issue du discernement est le 'délivreur', omni-objectif,
omni-temporel et sans séquence. 3.55. Ainsi, avec la pureté égale entre le sattva
et le purusa, l'esseulement est établi.
Kaivalya-Pâda (voie de l'esseulement)
les causes possibles de la réalisation
4.1. Les pouvoirs sont le résultat de naissance, de plantes, de mantra, d'ascèse
ou d'union.
la métapsychologie de l'évolution consciente
4.2. La transformation en une autre espèce est possible grâce à la superabondance
de la Nature. 4.3.* La cause sans but n'initie pas la Nature, mais, comme un
laboureur, distingue les choix. 4.4.* La conscience individuelle procède du
je-suis unique. 4.5.* Bien que les consciences individuelles soient occupées
avec des activités distinctes, cette conscience unique est à l'origine de toutes
les autres. 4.6. Parmi les consciences individuelles, la conscience née de la
contemplation est dénuée de dépôt unconscious.
les effets karmiques de l'évolution yogique
4.7. Le karman du yogin n'est ni noir ni blanc, tandis que celui des autres
comprend trois sortes. 4.8. Donc, seulement suivant les résultats de leur karman,
apparaissent les traits subliminaux correspondants. 4.9. Grâce à l'uniformité
entre la mémoire profonde et les réacteurs subliminaux, une relation causale
entre la manifestation de l'réacteur et la cause existe, même si cause et effet
sont éloignés par espace, temps et naissance. 4.10. Ils sont sans commencement
à cause de la perpétuité de la volonté primordiale, inhérente à la Nature. 4.11.
En raison de la liaison entre les traits subliminaux avec cause, fruit, substrat
et support, la non-occurence de ceux-ci implique la non-occurence des traits
subliminaux.
le temps, existe-t-il ?
4.12. Le passé et le futur existent en soi à cause des différences entre les
chemins des formes. 4.13. Ces formes de la Nature sont différenciées ou subtiles
et ont la nature des gunas.
les objets, existent-ils ?
4.14. Un objet s'objective parce que la transformation des gunas est homogène.
4.15. En vue de la multiplicité de la conscience par rapport à l'unicité d'un
objet perçu, les objets appartiennent à des niveaux séparés de la Nature. 4.16.
Et l'objet ne dépend pas d'une seule conscience ; cela ne peut être prouvé ;
et (s'il en était autrement) qu'en adviendrait-il ? 4.17. Un objet est connu
ou pas, en raison de la coloration acquise par la conscience de cet objet.
le purusa
4.18.* Le purusa n'est pas le résultat de conséquences et donc toutes les fluctuations
de la conscience lui sont connues. 4.19. Cette conscience n'est pas lumineuse
d'elle-même, car elle est le perçu. 4.20.* La compréhension des deux n'est donc
pas possible en même temps. 4.21.* Si la conscience peut percevoir une autre
conscience on n'en finit jamais, ce qui rend la mémoire confuse. 4.22. Quand
la conscience immuable assume la forme de cette conscience, l'expérience de
ses propres actes cognitifs est possible. 4.23. Colorée par le voyant et le
vu, la conscience peut voir tous les objets. 4.24.* Etant limitée à des activités
de collaboration, la conscience, teintée par les réacteurs subliminaux, a néanmoins
son propre but pour les autres.
les réalisés
4.25.* Pour celui qui voit la distinction, une discontinuation de la projection
du non-Soi surgit.
le réalisé atteint l'union-sans-semence
4.26. Puis en acquérant le discernement, la conscience s'incline vers l'esseulement.
4.27. D'autres notions nouvelles provenant des réacteurs subliminaux peuvent
apparaître dans les interstices de cette conscience évoluante. 4.28. Leur cessation
doit être envisagée comme il a été dit concernant les causes de malheur.
le réalisé qui va au-delà de la Nature
4.29. L'union désignée comme le 'nuage du dharma' est atteinte par le yogin
qui -par la vision du discernement- reste toujours non-attaché, même dans l'état
d'élévation suprême. 4.30. Par ce fait, les causes de malheur et le karman ne
sont plus. 4.31. Puis, étant libéré du recouvrement de l'imperfection, il reste
très peu de choses à connaître du fait que la connaissance qui en résulte est
infinie.
l'exit final du domaine de la Nature
4.32.* Ensuite vient la fin des séquences dans les transformations des gunas,
qui ont atteint leur but. 4.33. Par séquence, on entend ce qui est correlatif
au moment du temps, connu au point final d'une transformation particulière.
l'ultime des ultimes
4.34. Le processus d'évolution des gunas devenu inutile au purusa s'appelle
esseulement ; ceci est l'établisement du pouvoir de la conscience dans sa propre
forme.
Fin.
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